EDITO du Curé - Juin 2023
240 ans de l’église St Ulrich d’Oberschaeffolsheim
Si une communauté construit une église, c’est qu’elle éprouve le besoin de se rassembler pour prier Dieu. Honorer Dieu pour ses bienfaits, le louer pour ses actions dans nos vies, le célébrer car nous l’aimons voilà ce qui a pu motiver ou motive encore des hommes à ériger de belles églises et à les entretenir pour qu’elles restent des « cénacles » où Dieu se manifeste. Notre vie est rythmée par les sacrements que nous recevons dans notre « maison de prière ». Maison qui rassemble, qui unit. Maison où l’on peut trouver la paix, le pardon et la vérité. Maison où on naît, on souffre et meurt. Maison de l’amour de Dieu qui nous est donné par-dessus tout dans l’Eucharistie que nous recevons dans ce lieu. Les 240 ans de cette église d’Oberschaeffolsheim doivent nous rappeler qu’à travers plus de deux siècles cette maison ne s’est pas écroulée parce que beaucoup ont fait en sorte qu’elle ne s’effondre pas. Le vent a soufflé plusieurs fois, les tempêtes ont parfois été violentes mais la maison ne s’est pas écroulée. Construite sur le roc de la volonté de chacun de faire en sorte qu’elle tienne bon, construite sur le roc de la solidarité, la charité, l’amour du prochain, non cette église ne pouvait pas s’effondrer. Dédiée à Saint Ulrich, évêque d’Augsbourg, l’église d’Oberschaeffolsheim a été placée sous les signes de l’humilité et de la pauvreté dont a fait preuve le saint évêque tout au long de son ministère. Nous célébrons donc 240 ans d’investissements, d’engagements, de projets, n’en oubliant pas l’essentiel : 240 ans de prière, d’actes de foi, de louange, d’action de grâce et d’amour. Vous comprenez pourquoi cet édifice est resté là debout au milieu de nous pour sonner les matins et les soirs de nos vies. Et le Christ dans tout cela ? Eh bien, lui était là dès le début, Il est toujours présent et continuera encore et encore à donner les moyens nécessaires pour que des personnes continuent à faire de ce lieu : un lieu où son amour est semé, récolté et partagé. Rien ni personne ne pourra détruire les fondations de l’amour du Christ pour les personnes. Sauf peut-être si les jeunes générations ne cessent de prendre de la distance par rapport à l’Église. Alors dans ce cas, nos édifices se verront sans doute transformer, et c’est déjà le cas dans beaucoup de paroisses de France, en « maisons de trafic ». Mais notre espoir doit plutôt, en ces jours qui sont les nôtres, se porter sur ceux qui marquent par leur générosité, leur disponibilité et par leur amour pour le Christ, une génération d’initiatives qui tentent de faire redécouvrir et de refaire ou faire aimer Jésus. L’Esprit n’a pas déserté. On pourrait évoquer tant de nouveautés fécondes dans l’Église et à partir d’elle. Mais il est urgent de s’interroger lorsque tant de jeunes quittent « la vieille maison » comme si l’amour était en exil. Comment vont-ils pouvoir la rénover avec leur goût d’avenir neuf ? Comment vont-ils éviter le piège du pouvoir qui fait croire aux chrétiens qu’ils sont propriétaires du Royaume que Jésus est venu annoncer ? Ne pensons pas que nos communautés atteignent un tel degré de perfection qu’elles s’identifient au Royaume promis ! Mais elles sont le lieu où nous nous entraînons à accueillir cette plénitude. Notre Seigneur Jésus, mort et ressuscité, ne le tuons pas à nouveau pour nous rendre propriétaires de son Royaume ! N’oublions pas que nos communautés et nos édifices religieux sont nécessaires pour cultiver la vigne. Mais ils ne sont pas la vigne.
Abbé Sébastien LAOUER, votre Curé !